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Je me présente, Omer Dalors, de l’Académie.

J’étais, et suis toujours, un jeune étudiant brillant.
Écrivain à mes heures.
Dans un style qui rappelle Zola, me dit-on parfois.
Ne connaissant pas le bonhomme, j’hésite à prendre cela pour un compliment.


Fils prodigue d’une Étrangleuses de la Fraternité, spécialiste des Katakanas, ma Mère,et d’un ancien sexologue, devenu horticulteur, mon Père.
Tout cela est bien étrange, me direz-vous, et c’est vrai.
Cependant c’est aussi très simple.
Mon Père, qui donc fut sexologue lors de la Grande Réquisition, décida un beau jour qu’il en avait assez de tenter d’inculquer en vain à des machos bas du front tout ce qu’ils auraient dû avoir plaisir à apprendre de la science néonatale, et n’espérant guère plus de leurs femmes, décida un beau jour que puisque ces dernières étaient insensibles du pistil, il aurait meilleur plaisir à s’occuper de celui des fleurs.
N’y voyez aucune malignité, mais il ne trouvait plus aucun réconfort à tenter d’en apporter à la gravitation de ces corps massifs, lourds comme des dromadaires, pour qui la plus belle théophanie se résume à….que sais-je ?
Peu importe, là n’est pas mon propos.
Mon Père donc devint horticulteur.
C’est ainsi qu’il rencontra ma Mère.
Enfin, pas vraiment comme cela, mais presque…
Il venait d’être appelé par un vieil ami, membre du barreau auprès de la juridiction et, sans que cela n’est aucun rapport, grand amateur de café.
Le percolateur de ce dernier venait de tomber en panne.
Ne pouvant concevoir la journée qui l’attendait sans ses sept expresso horaire, il fit donc appel à mon Père, dont les talents de bricoleur de génie n’étaient déjà plus à faire.
Mon Père n’hésita pas une minute, surtout lorsqu’il lui revint en mémoire la joliesse qui avait rôle de secrétaire au bureau de son vieil ami.
Il saisi son sac d’outils, enfourcha sa fidèle bicyclette et n’oublia pas de passer en bandoulière sa carabine.
Les routes à l’époque n’étaient guère sûres…
Et ce qui devait arriver, arriva.
Mon Père vint à bout, en moins de temps qu’il n’en faudrait certainement à Zola pour l’écrire, de la fameuse panne du percolateur.
Plein d’enthousiasme, son vieil ami lui offrit tout aussitôt un très bon cru.
Un torréfié hors de prix qu’il venait venir spécialement, et à grands frais, d’une petite communauté exotique, répondant au saugrenu nom de Revi -Esnve-Ut, fondée au siècle dernier, au fin fond du continent sauvage, par un derviche Allemand dont l’histoire a oublié le nom…
Mais peu importe.
Mon Père donc, et son vieil ami, s’apprêtaient à déguster leur café hors de prix, quand enfin ma (future) Mère fit son apparition.
Elle arrivait juste à point avec les mignardises que son directeur, plutôt bonhomme, l’avait envoyé chercher deux bonne heures auparavant à la pâtisserie du coin.
Je ne peux guère vous en dire plus sur les quelques années qui précédèrent ma naissance, Mère & Père étant toujours restés d’une discrétion absolue sur le sujet.
Ce qui ne leurs ressemble guère généralement…
Tout ce que je pourrais vous rapporter, tout en restant moi-même discret sur cette histoire, c’est que malgré la conduite libertine que l’on prêtait alors à toutes les sœurs Étrangleuses de la Fraternité, mes parents vécurent ensemble de longues et merveilleuses années.
Et si leur amour passa, aux yeux des jaloux, pour une forme d’idolâtrie païenne, ils le vécurent avec ferveur sans jamais apporter la moindre attention au « quand-dira-t’on »…
Vous comprenez mieux maintenant pourquoi, depuis leur disparition, je vis en milieu urbain.

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