Publié le Laisser un commentaire

Le 1er septembre 2026

La belle & la bête

Image par...

Le 1er septembre 2026 quand la Belle repris, pour la première fois depuis deux ans, le train de banlieue qui devait l’emmener vers son nouveau job, elle n’était pas encore la Belle.
Pas tout à fait.


Elle n’était encore qu’une jeune fille comme beaucoup d’autres.
Marquée par ce long épisode douloureux qui ne trouvait pas sa fin.
Mais c’est le propre de l’espèce que de s’habituer à tout.
Avec quelques accommodements.
Le sien c’était une légère dépendance à l’ivresse offerte par le rhum.
Celui que l’on trouvait encore à un prix raisonnable dans les circuits officiels.
Les seuls qui lui soient ouverts, pour autant qu’elle ne souhaitait pas tenter le diable.
Et le diable, en ce moment, avait comme de vieux relents d’inquisition…
Elle réfléchissait à tout ça dans sa cabine individuelle, tout en sachant que mêmes ses réflexions n’étaient pas à l’abri d’un « contrôle de routine »…
La « crise » avait beau avoir mis à mal tout un pan de l’économie, et continuait à le faire, elle avait permis à un autre de se développer dans des proportions dont les tyrans mégalos n’avaient jamais osé rêver.
La cybersécurité était le job d’avenir.
C’était d’ailleurs pour un boulot dans cette branche que Camille Tertan avait repris ce train de banlieue nouvellement réaménagé.
Pas sans inquiétude.

Le 1er septembre 2026 quand la Bête repris, pour la première fois depuis deux ans, le train de banlieue qui devait l’emmener vers son nouveau job, il n’était pas encore la Bête.
Pas tout à fait.
Il n’était encore qu’un jeune homme comme beaucoup d’autres.
Marqué par ce long épisode douloureux qui ne trouvait pas sa fin.
Mais c’est le propre de l’espèce que de s’habituer à tout.
Avec quelques accommodements.
Le sien c’était une irréfléchie dépendance à l’ivresse offerte par le rhum.
Celui que l’on trouvait encore à un prix déraisonnable dans les circuits officieux.
Les seuls qui lui soient ouverts, pour autant qu’il ne souhaitait pas tenter le diable.
Et le diable, en ce moment, avait comme de vieux relents d’inquisition…
Il réfléchissait à tout ça dans sa cabine individuelle, tout en sachant que mêmes ses réflexions n’étaient pas à l’abri d’un « contrôle de routine »…
La « crise » avait beau avoir mis à mal tout un pan de l’économie, et continuait à le faire, elle avait permis à un autre de se développer dans des proportions dont les tyrans mégalos n’avaient jamais osé rêver.
La cybersécurité était le job d’avenir.
C’était d’ailleurs pour un boulot dans cette branche que Camille Tanter avait repris ce train de banlieue nouvellement réaménagé.
Pas sans inquiétude.

Il était 4h45.
Une aube chiasseuse, lourdement chargée de miasmes et de particules commençait tout juste à poindre.
Donnant à la Cité une luminosité que n’aurait pas renié un giallo de série Z.
C’était approprié à l’époque.
Le trajet jusqu’à destination durait 2h et 17mn.
Ça c’était pour la théorie.
Pour ce qui était de la pratique il fallait plutôt tabler sur 3 à 4 heures.
Si tout se passait « bien », mais rien ne se passait jamais bien.
Ce temps là était fini, enterré six pieds sous terre, et seuls quelques indécrottables crétins pensaient encore que l’on reverrait des jours meilleurs.
Pour le reste, la grande majorité, les gens s’en foutaient.
Rien n’avait changé, le jour d’après était bien de la même merde que celui d’avant.
En pire, si c’était possible.
La connexion était de rigueur désormais, contrôle oblige.
Mais tout le monde savait que c’était pour notre bien, pour ne pas que se reproduise l’horreur qui n’en finissait pas de s’éteindre.
Politiques et médias nous le martelaient sans discontinuer, et tout le monde suivait, comme en 14, la fleur au fusil…
Ramassis de pauvres décérébrés comme le système en avait créé à profusion durant les quatre ou cinq décennies antérieures.
La propagande marchait bon train déjà à l’époque, elle n’avait fait que se développer avec l’accord tacite de la masse laborieuse.
La plèbe avait tout avalé sans le moindre haut-le-cœur…
Les pensées de Camille prenaient un tour dangereux.
Les I.A de reconnaissance faciale étaient parmi les systèmes ayant le plus évolué.
Elles étaient devenues bien plus redoutables que quiconque l’avait jamais souhaité…
La moindre moue, le moindre frémissement de sourcils étaient une mine de renseignements sans fin…
Si ce n’est pour vous.
Si votre état d’esprit prêtait à interprétation, vous aviez déjà la moitié d’un billet pour l’enfer…
Ou au mieux, si votre potentiel s’avérait malgré tout utilisable, pour une « rééducation »…
Il se concentra pour évoquer des images « neutres », se repassa le film récurrent des pubs qui envahissaient désormais tout filière de connexion…
Sauf…
Non ! Non !
Il ne fallait pas penser à ça !

Il était 7h02.
L’aube chiasseuse, lourdement chargée de miasmes et de particules n’en finissait pas de s’étaler.
Elle ne ferait rien d’autre de la journée, penser le contraire était pur jeu d’esprit.
Le trajet jusqu’à destination aurait dû être terminé.
Ça c’était pour la théorie.
Pour ce qui était de la pratique il fallait encore conter au moins une heure.
Si tout se passait « bien », mais…
Les pensées de Camille tournaient à vide.
Comme elle avait si bien appris à le faire, elle ne pensait pas.
Le regard vide, le visage inexpressif, elle ressemblait point pour point à ce que toutes les I.A attendaient d’elle.
Elles étaient devenues bien plus redoutables que quiconque l’avait jamais souhaité…
La moindre moue, le moindre frémissement de sourcils étaient une mine de renseignements sans fin…
Si ce n’est pour vous.
Si votre état d’esprit prêtait à interprétation, vous aviez déjà la moitié d’un billet pour l’enfer…
Ou au mieux, si votre potentiel s’avérait malgré tout utilisable, pour une « rééducation »…
Elle laissa de nouveau glisser ses pensées dans cet infini vide gris.
À 9h12 le train s’arrêta en gare.
Chacun descendit à son tour, comme il était désormais d’usage.
Il était de toutes façons impossible de faire autrement, votre « cabine personnelle » ne vous délivrant que selon le programme en cours.
À 9h17 Camille franchit le portail sécurisé de « Cimeterre Incorporation LTD ».
Un encadreur l’accueillit aussitôt avec un scan complet de bienvenue.
À 9h22 Camille franchit le portail sécurisé de « Cimeterre Incorporation LTD ».
Un encadreur l’accueillit aussitôt avec un scan complet de bienvenue.
À 9h27 une bagnole fit crisser ses pneus dans la rue, le bruit, désormais incongru, fut immédiatement suivi par la déflagration sourde du missile d’un drone de surveillance.

À 9h25 et 9h30, respectivement Camille et Camille avaient achevé leur métamorphose.
Ils étaient désormais, respectivement, la Belle et la Bête.

Aucun bruit de l’extérieur ne leur parviendrait plus…

Si vous souhaitez laisser un commentaire (constructif, s’entend !), c’est juste dessous :


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *