un vieux poisson !

Kreyasyon Random

Mes premières créations / transformations de figurines remontent à l’aube des années 2000.

J’avais alors un projet simple à l’esprit. Je voulais écrire une belle histoire et la mettre en images avec des figurines…pour créer une « espèce de BD mi-fig, mi-dessin »…

Je ne connaissais rien à l’écriture d’un scénario, n’avait qu’une très vague idée de ce que pouvait être un storyboard, un truc dont je n’avais certainement pas besoin…et le reste à l’avenant pour ce qui était du « processus créatif ».

Concernant  le modelage ou la création de figurines…mes connaissances étaient peu ou prou du même niveau…

Faisant fi de toute modestie, je décidais donc de me mettre à l’ouvrage.

Écriture, notes et croquis emplirent rapidement plusieurs liasses de feuillets.
Les idées fusaient sans qu’il me soit nécessaire de m’arracher les cheveux.
J’enfilais les textes aussi vite que ma main pouvait suive…parce qu’évidemment j’écrivais sur papier et au stylo-plume, de préférence,…c’est plus classe….

Comme dit un ami, qui lui est un « vrai » écrivain, l’important c’est de raturer.

Je ne le connaissais pas encore alors, mais j’ai scrupuleusement suivi ce conseil.
Et j’ai écris, raturé, réécris pendant de longs mois, voire quelques années.
Les idées s’engendrant les unes les autres le projet devenait touffu.
Sans compter que, parallèlement je travaillais d’arrache-pied sur mes figurines…
De l’art brut !
Mais malgré ma méconnaissance du savoir-faire, je n’étais pas mécontent.
Mes figurines faisaient sensation…
Dans le cercle très restreint de quelques proches, très proches, qui avaient l’incommensurable privilège de les contempler…

Mais mon projet simple du début était devenu, sans même que je m’en aperçoive, moi, son créateur, une hydre insatiable.
J’avais beau élaguer sans cesse, revenir aux fondamentaux (ah, la bonne blague !), l’animal grandissait sans cesse….se nourrissant sans que j’en ai conscience de mon penchant à l’insatisfaction.
Car au fond là résidait le problème, j’étais incapable de me satisfaire de ce que j’écrivais ou produisais.
Il me semblait toujours possible, et fortement souhaitable, d’améliorer ceci, ou cela…
Alors j’ai écris, raturé encore et réécris de même, j’ai travaillé le look de mes personnages, et retravaillé, peaufiner ma prose et maitrisé le tremblement de ma main pour que mon modelage soit plus fin, ma peinture plus précise….

Et j’ai abandonné. C’était trop.

Le beau projet du départ, ma parabole à moi, sur ce qu’est notre monde, et ce qu’il pourrait être, m’épuisait, me bouffait le moral, me vidait l’esprit de toute autre chose.
Mon envie d’y faire voir, en images ce que l’on peut faire en termes de création avec des figurines de récup’, à priori vouées à la poubelle.
Ma conviction profonde que, contrairement aux mensonges des religions, le paradis est là, sur cette terre, pour peu que l’on acquiert l’intelligence nécessaire à le comprendre…
Toutes ces idées, ces envies que j’avais mêlé, malaxé pour mieux en extirper ma substance créatrice, tout ça c’était trop, j’avais présumé, et de très loin, de mes capacités.


Il m’en restera quelques pages, que même après vingt ans je trouve encore belles, et une quinzaine de figurines qui prennent doucement la poussière dans un carton et que je n’oublie pas.


Il m’en restera la furieuse envie de recommencer….

Ce que j’ai fait, dans un autre style, et pas vraiment pour les mêmes raisons, avec La Folle Embuée.


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